Ma cinquième lettre

Mon rythme de travail et de lancement de nouveaux patrons a beaucoup changé depuis les débuts de RTS il y 7 ans.

Les deux premières années, je sortais presque un patron par mois : Janis, Jimmy, Jumpy, Jeanette, Josette, Jude, Joanne, Jane… ont vu le jour au cours de cette période. Je travaillais le soir tard et les week-ends et lorsque tout le monde était en vacances. La deuxième année fut ponctuée par la sortie du patron Jazz qui comprenait 6 déclinaisons à l’époque, c’est ce patron qui a popularisé Readytosew.

Voici une photo du premier shooting du patron de couture Jazz qui n'était pas encore un e-book et ne comprenait que 6 variations. A l'époque, il n'y avait pas de patrons de combinaisons très amples et ce n'était pas encore la mode des manches bouffantes. Mes testeuses m'avaient même fait la remarque que les manches étaient trop larges, mais, je sais quand il faut que je m'écoute ou que j'écoute mes testeuses et j'ai gardé cette ampleur.

Dès la troisième année, mon rythme a évolué, mes envies se portaient sur des modèles plus complexes comme les vestes doublées ou les salopettes ce qui entraînait un temps de développement plus long : le blazer Joe, le trench Jack, la veste Jasper, la salopette Jim ont vu le jour au courant de cette année.

Le trench Jack et ses nombreux détails. Jack n'aurait pas dû voir le jour. Je travaillais sur un modèle différent quand une nuit j'ai rêvé d'un trench très fluide avec des coulisses et des fronces de partout, de grandes poches et un col froncé qui emprunte les codes de la capuche, un esprit chic et sportswear à la fois.

Puis est venu le temps où j’ai essayé de travailler par petites collections. Dans un premier temps une collection de basiques faciles à coudre et à porter puis une collection workwear. Mon rythme de sorties a encore ralenti. Cette année-là, je travaillais sans le savoir sur mes best-sellers : le T-shirt Jeanne, le cardigan Jamie, la veste Julien, la combinaison Jean-Paul.

Qui aurait cru que Jeanne allait devenir le patron phare pour un T-shirt boy-friend ? J'ai beaucoup hésité à sortir ce modèle, j'avais peur qu'il ne se vende pas à cause de certains patrons de T-shirts proposés gratuitement, mais, il a su gagner votre cœur et votre garde-robe. Merci encore pour votre enthousiasme concernant ce patron.

Ah Julien ! C'est un de mes patrons que je porte le plus souvent. Il est pratique, confortable, solide et comme vous le savez… j'aime les vêtements de travail.

L’année encore suivante RTS a connu une longue pause, enfin, ce fut une pause pour mes clients, mais dans les coulisses, ça bossait fort. Cette année-là, j’ai développé ma gamme grande taille et ma collection Pépite est née : la salopette Patsy, La veste Pekka et enfin le pantalon Papao. Cette collection-là m’a fait passer dans la cour des grands. J’avais pensé cette collection pour qu'elle puisse être réalisée dans des matières naturelles comme le lin, le coton ou encore le chanvre et surtout, j’avais dessiné ces trois modèles de manière à ce qu’ils ne nécessitent aucun autre matériel que le fil et le tissu.

Devinez à quelle période cette collection est sortie ?

Pile au début du confinement. J’avais, sans le savoir, dessiné la collection idéale pour cette période. Souvenez-vous, c’était le printemps et au début tout était à l’arrêt, on ne commandait même plus sur Internet, tout était en pause. On avait du temps pour coudre, mais peu de matériel, souvent juste des tissus en stock. Je n’avais rien vu venir, je n’avais rien prédit. Parfois, il faut savoir reconnaître que les étoiles s’alignent sans qu’on ne s'en aperçoive.

Un jour, quelqu'un m'a demandé quel était le patron dont j'étais la plus fière. J'ai répondu Papao, sans hésitation. Il a fallu que je me creuse la cervelle pour arriver exactement à ce que j'avais en tête. J'aurais pu faire simple et approximatif. Un pan de tissu intégré dans la couture côté et rabbatu sur le devant et on en parle plus. ! Mais… je ne préfère rien faire que de faire un truc moyen.  J'ai réalisé de nombreuses toiles avant d'arriver à ce pli intégré à la jambe devant et surtout à un pli qui reste en place et qui ne s'ouvre pas. Je testais mon patron en dansant devant ma caméra et à chaque mouvement de jambe il fallait que le pli revienne en place pour considérer que le patron était au point.

Pekka c'est la veste aux multiples facettes. Dans un lin structuré elle a des allures de Haori (veste traditionnelle Japonaise) et dans un tissu matelassé de couette moelleuse et confortable.

Les années qui suivront le confinement seront synonymes de lenteur au travail. J’ai eu du mal à trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle et même si j'ai travaillé jusqu'au bout de ma grossesse, la fatigue a affecté mon rythme de travail. Ceci dit, ces années-là certains patrons que j’affectionne ont vu le jour : la salopette Partner et la combinaison Valley (en partenariat avec le magazine Australien " Peppermint "). J’ai aussi pris le temps de revisiter mes anciens patrons comme la chemise Jane ou de sortir des extensions comme pour la robe Jolene.

Je m'étais lancé un défi pour la salopette Partner. Elle devait avoir tout l'attirail d'une salopette de travail mais le montage devait être relativement simple. Si vous regardez bien, ce n'est pas un vêtement si complexe que ça à coudre : un pantalon sans braguette, juste de longues poches plaquées qui deviennent des protèges genoux et une coulisse formée par l'assemblage de la bavette au pantalon. Mais grâce à ses surpiqûres, au premier regard elle a tout du vêtement qui semble être un gros gros projet.

Puis il y a eu la naissance de ma fille et depuis, plus rien n’est comme avant et avant restera à tout jamais avant. Tout est plus lent quand on a un enfant. Mes journées de travail sont restreintes, car j’ai décidé de ne pas réveiller ma fille le matin et de prendre du temps avec elle avant de la déposer à la crèche, je termine aussi tôt pour aller la chercher et comme je suis en halte-garderie, certains jours ne sont pas garantis et ces jours-là, je ne peux pas travailler. Notre année a aussi été marquée de divers maladies bégnines comme une grippe, des rhinopharyngites, une gastroentérite (vive la crèche) et autres réjouissances.

Malgré tout, plusieurs modèles ont vu le jour comme le pantalon Pleat (que j’adore, une version très simplifiée de Papao, un Papao pour flemmards) mais surtout, ma toute première collection enfant sur laquelle j’ai adoré travailler.

Ce fut un flop TOTAL.

J’ai consacré une énergie folle à cette collection ainsi qu’à la communication autour de cette collection : une vidéo avec une danseuse, deux photographes différents pour les shootings, quatre mannequins avec des morphologies différentes, tous les prototypes teints avec de la teinture naturelle… Bref, ma déception fut à la hauteur de mon engagement.

Devinez à quelle période cette collection est sortie ?

Pile quand Instagram a drastiquement changé son algorithme pour mettre en avant les comptes produisant des vidéos à partir de l’onglet « Reels ». Mon compte a perdu sa visibilité en un claquement de doigts. J’ai mis une semaine à comprendre pourquoi tout à coup, mes publications étaient invisibles.

Le pantalon Pleat ne devait pas voir le jour. Il est né d'une tentative de simplification du pantalon Papao pour qu'il soit adapté aux enfants. En essayant de simplifier au maximum papao pour ques enfants puissent l'enfiler très facilement, j'ai crée un nouveau modèle et j'ai immédiatement eu envie de le faire à ma taille. Porté avec des sandales à talon et un joli haut sobre en soie il pourrait faire une belle tenue pour aller à un mariage, porté vaec des sandales plates et un T-shirt basique, il est parfait pour le quotidien. C'est un pantalon élastiqué pas si basique que ça !

Parfois, il faut savoir accepter que les étoiles ne s'alignent pas. J'ai pris cet échec comme un signe et j'ai décidé de me déconnecter des réseaux sociaux et de prendre du recul...mais...

 un claquement de doigts. J’ai mis une semaine à comprendre pourquoi tout à coup, mes publications étaient invisibles. Il faut croire que je n'ai pas baissé les bras car ce qui vous attend est à nouveau une collection enfant ;-)

Pile quand Instagram a drastiquement changé son algorithme pour mettre en avant les comptes produisant des vidéos à partir de l’onglet « Reels ». Mon compte a perdu sa visibilité en un claquement de doigts. J’ai mis une semaine à comprendre pourquoi tout à coup, mes publications étaient invisibles. Tout me plaît dans cette collection de vêtements enfants/adolescents, ils sont simples, pratiques, rustiques, durables et confortables et pourront créer une voir deux tenues. Je vais bientôt lancer la confection des prototypes et pendant ce temps, je pourrais m'atteler aux instructions de montage, aux pas-à-pas, aux planches patrons..etc mais je vous explique tout ce processus dans ma porchaine lettre !

PS: Depuis ma dernière lettre, j'ai supprimé l'application Instagram de mon téléphone, j'ai supprimé mon compte Whatsapp ainsi que l'application et c'est formidable !